Le glacier le plus oriental des Pyrénées est minuscule mais difficile à atteindre. Situé sur la face nord est du Mont Valier, il semblerait qu’il soit le seul glacier des Pyrénées à ne pas diminuer en volume au fil des ans.
Note: il n’y a pas de chemin, les accès au glacier peuvent se révélés dangereux. Le brouillard est fréquent. Je n’ai trouvé aucune description détaillée sur Internet, je décris ici mon ressenti et non un descriptif de randonnée. Le glacier est réservé aux randonneurs aguerris habitués aux fortes pentes et à la recherche de l’itinéraire.
Le glacier vu du pic de Fonta:

Vu du col de Pause:

Vu du pic de Fonta:

De la vallée d’Estours:



Vu du Mont Valier:

La voie la plus facile est la voie ouest: en partant du refuge des Estagnous et en passant par la crête des Antiques.
La voie la plus naturelle est celle par l’est par le vallon de Labégé. Il y a également 4 autres voies par la vallée d’Estours. Je ne parle pas de voies d’escalade.
Je vous propose de découvrir ces 8 variantes avec mes échecs et réussites !
Les tracés approximatifs:
Contrairement à certains, j’y suis réellement allé ! C’est dit.
Variante 1:
Pour ma première venue, j’ai préféré la voie du vallon d’Arcouzan en partant de la vallée d’Estours. Pas évident car très peu de descriptions, seul Philippe Quiennec donne un topo .
Attention: ce n’est pas la balade facile: pas de chemin, cheminement au jugé sur des pentes parfois très raides, on découvre le glacier à la fin.
Le départ s’effectue de la centrale électrique d’Estours, sur le GR en direction de la cabane d’Aula.
Paysage ariégeois:

Rapidement on le voit ce glacier surmonté du Valier illuminé par le soleil naissant. Il faut en profiter car on ne le reverra pas de sitôt!

Arrivée à la cascade d’Arcouzan. Il existe deux voies, je prends rive gauche du torrent: il faut au jugé trouver le point de passage vaguement repéré par un cairn. On suit avec difficulté une sente jusqu’à la cabane d’arcouzan.


En sortant de la forêt juste au dessus de la cascade, vue sur les Cuns d’Aula.

On peut remonter par le torrent avec 1 ou 2 passages difficiles, le plus simple est de monter en foret.

On perd facilement la sente mais on retrouve le chemin en sortie du bois.

Et le glacier. Il faut à ce moment définir son tracé.

Arrivée à la cabane d’Arcouzan, très sommaire mais le toit est en bon état.
La cabane en bas et le col de Pause au centre.

Les Moumoursons, le chemin devient moins évident …

Passage à la base du névé, on commence à prendre de la pente.

Une corde totalement inutile ! Mais qui peut monter 40 m de corde et la laisser sans qu’elle ne serve à rien ?

Un vilain raidillon à grimper (la il manque une corde! mais merci le piolet), beaucoup d’hésitations dans le cheminement.
En haut du raidillon:

Partir sur la gauche puis il faut aller chercher la crête (à 2071m) qui donne sur le vallon de Labège. Vue splendide en direction du sud vers le Port d’Aula.

Aller tout de suite sur la crête et la suivre sans difficulté. Regard en arrière: A droite, le vallon de Labège que j’ai tenté à la montée sans succès jusqu’à présent (variante 3). Presque au glacier:

On découvre assez tard le glacier à 2265 m.
Il craque, de belles crevasses, trop pentu pour s’aventurer sans équipement.

A l’été 2017:



Le haut du glacier se situe à environ 2500m.
Je n’ai pas tenté, mais la grimpette sur la crête des Antiques ne me semble pas très difficile. Une vue du pic de Lasirouge:

Une vue aérienne, merci à François Rocipon:

A la descente, un des rares cairns au début de la crête.

Au dessus de la cascade d’Arcouzan, le chemin est plus que discret:

Descente par la rive gauche de l’Estours. Grange de Bordes de Cartier avec le glacier:

Le retour est usant: la pente, l’absence de sentier, les herbes hautes, fatigant pour les jambes.
Arrivé sur le GR, on savoure le plat jusqu’au parking.
Le tracé sur la partie finale vue du pic de Lassirouge.

Le dénivelé n’est pas phénoménal, environ 1850 m, mais il faut tout de même y passer la journée.
En résumé, une superbe course en solitaire à faire par beau temps uniquement.
Variante 2 : rive droite de la cascade d’Arcouzan

A la cascade d’Arcouzan, rentrer dans le bois d’Arcouzan à la cote 1070/1080.Ici:

Monter et réussir à repérer une vague sente qui passe à la base d’un arbre déraciné tombé coté pente.

Il ne faut pas chercher à trop monter, on doit arriver en surplomb de la falaise de la cascade.Le chemin devient rapidement évident.

On suit le chemin de crête sympa. A 1305 m faux plat et ruines.

Vue sur l’autre versant du vallon:

En continuant la crête à 1440 m arrivée à un a pic et à la cascade.

On progresse encore facilement en suivant la sente mais rapidement plus de chemin . Un balisage à la peinture à été réalisé récemment en 2019 .

La première fois, je suis monté trop haut : herbes hautes, pente, trous, rochers, …
Il faut à partir du point 1493 m, prendre plein ouest, suivre par le haut la limite des arbustes pénibles et en 15 min rejoindre le torrent à 1546 m ici:

Après, c’est simple, on traverse le torrent et on rejoint le parcours de la variante 1

Une variante sur l’autre versant en descendant du pic de Lasirouge, très facile par ce toboggan qui rejoint la cabane d’Arcouzan:

A part la fin de la foret où il faut chercher un peu, j’ai beaucoup plus apprécié la progression que par la rive gauche : moins de galère dans les herbes, plus longtemps à l’ombre et cheminement agréable sur la crête.
Début octobre 2021
Cela fait deux ans que je n’y suis pas allé !
La veille, du Tuc de Peyre Mensongère:

Départ d’Estours à 7 h 30 à la frontale. Il fait frais (7 °) ça me convient bien.
Arrivée 1 h plus tard au Pla de l’Artigue, fin du chemin. J’emprunte donc la variante 2 rive droite de la cascade.

Une sèche mais brève montée vers la source pour trouver la sente. Facile ensuite jusqu’à la cascade à 1440 m:

Après, je monte en limite de foret. Le balisage n’existe quasiment plus. Il faut au bon moment obliquer vers l’ouest dans de grandes herbes et suivre la même ligne de niveau jusqu’au torrent vers 1560 m.
En haut du bois d’Arcouzan au torrent:

Vient une longue montée vers les Mourmoussons:



Le raidillon est tout en herbe, il y a deux ans, ce n’était que cailloux, réchauffement climatique ?

A la cascade, je bifurque vers le sud pour rejoindre la crête de Quer Trinquat vers 2070 m:

La crête que j’avais faite en 2018:

Le pic de Pomebrunet:





L’échine montant vers le Valièrat:

à 2400 m:

Il est 11 h 40, record battu en 4 h 10 ! Début de descente à 12 h:



Le raidillon, merci à l’herbe pour s’accrocher !

La suite sera sans problème jusqu’au parking atteint à 15 h 40.
Variante 3 :par le vallon de Labege , rive gauche
En 1808, première visite par Jean Pierre Pages. Il écrit dans ses Mémoires de géologie et archéologie : « Pour parvenir au glacier du Valier, il faut avoir abdiqué toute crainte de la mort……… »
La montée par ce vallon représente la voie naturelle car donnant à la base du glacier mais elle est loin d’être simple et c’est pour moi un échec !
Le vallon de Labege avec le Petit Valier:

Le début est simple, il faut choisir à un moment entre le torrent et la rive gauche. On ne va pas loin par le torrent.

Vue vers l’est, le pic de Fonta:

La pente augmente progressivement:

J’abandonne au dessus des derniers arbustes: trop de pente.

En regardant de près les photos, je me suis arrêté juste avant le faux plat dans la partie la plus pentue: à plusieurs c’était tout à fait faisable, voir seul mais avec les crampons. Je reviendrais.
Variante 4 :par le vallon de Labege , rive droite
aout 2019
Pour éviter le vallon de Labege, essayons par le bois rive droite. En sortie de forêt, il suffit de reprendre le parcours fait dans l’autre sens par Philippe Quiennec.

A 1170 m, juste après le ruisseau venant du glacier, il faut entrer dans le bois de Labege. C’est peu accueillant, une grosse rangée de noisetiers couchés est à passer:
La montée est facile avec parfois une sente jusqu’à une source à 1380 m:
Je dérange une laie et ses deux petits.
Après ça se complique, la pente forcie, un peu galère pendant 20 min.
Hum, pas de photos, mes deux mains étaient occupées à tenir les arbustes !
A 1450 m, je rejoins la crête sous Les Portals. A partir de ce point, une sente en crête et plus de problème. J’aurai peut être du rejoindre plus bas cette crête.
Vue sur le chemin parcouru:
Cuns d’Aula:
Une sortie de forêt facile à 1580 m, le Mont Valier, le névé résiduel sous lequel je vais passer et la crête de Quer Trinquat à droite ou je vais:
Pas des Chasseurs:
Ca grimpe tout de même mais le terrain est agréable:
Le col que je vais rejoindre sur la crête avec derrière le pic de Caries:

Vue impressionnante sur le Valier avec le torrent provenant du glacier:
Regard en arrière:
A 2002 m, je rejoins la crête de Quer Trinquat faite en septembre 2018:
Encore une montée sèche et je rejoins le parcours ordinaire à 2067 m:

A 2250 m , vue sur le glacier:

A 2380 m:
Deux bouquetins et un isard:
Valièrat:
Retour par la rive droite du vallon d’Arcouzan.
Hormis ce passage en forêt un peu difficile, très belle balade. Le vallon de Labege est très agréable à monter.
Variante 5 : par le pas des Chasseurs
Cette voie correspond au cheminement de Philippe Quiennec.
(voir son tracé en jaune à la variante 4)
Il faut aller tout au fond de la plaine de l’Artigue au point 1215 m, on découvre le vallon vers le Siscau.

Très vite, ça devient compliqué: soit des pentes avec du gravillon sans prise, soit le torrent avec les rochers bien glissants. Je n’avais pas envie de me tremper, j’ai renoncé.

Même si j’avais continué, je me serais heurté ensuite à un mur que je soupçonnais bien à l’avance.

Il faut en fait partir de la cabane d’Aula.
Après le pas des chasseurs (à la limite des arbres), le cheminement parait plus facile.

Un semi échec car cela me conforte dans le choix du passage par la cabane d’Aula. A faire prochainement !!
Variante 6 :par la crête des Antiques

Le plus facile, enfin une façon de parler.
Le départ peut se faire traditionnellement du Pla de la Lau mais aussi du col de la Core (beau parcours par le col de Crabérou) ou à partir de la piste de l’étang de Bethmale aux environs de 1400 m. C’est de ce point que je pars.
Passage par le cirque de Campuls et montée à l’étang d’Ayes.
Avant le col de Laziés, l’Estagnot:

Long cheminement jusqu’à l’étang de Milouga. Le Valier à gauche.

L’étang de Milouga, montée agréable dans les Lauzets.


Au col de Pécouch, prendre la crête facile:

Refuge, étangs Long et Rond:

Le Valier à droite, le Valièrat à gauche, le col visé au milieu, le glacier est dessous.

Pierrier pas très cool, il faut chercher la sente qui démarre à la base du névé. On traverse le pierrier et soit on fini la montée directe, soit on prend la pente herbeuse.

Par le pierrier, petit passage de 1 m à faire le singe.

Arrivée sur la crête des Antiques, le brouillard cache le glacier.

Au Valièrat:
Impossible de descendre, je ne vois rien mais cette photo lors d’une expédition de géomètres nous montre ce que l’on voit du col.

Vu du glacier, la pente n’est pas impossible, le seul problème, en groupe, c’est la chute de pierres.
Du Valier, on m’observe:
A la descente le col de Cruzou.
L’étang d’Arauech:

La vallée de Peyralade:
L’étang de Bellonguère:
Et l’étang d’Ayes:
Un beau circuit consisterait à partir de la centrale d’Estours, de monter par la variante 2, de monter sur la crête des Antiques et de revenir par le col de Crabérou. Le bivouac est sympa dans les Lauzets où l’on trouve facilement le ruisseau un peu en dessous de la crête. Le bivouac dans la montée au glacier est envisageable mais il faut trouver l’emplacement !
Autre possibilité :Du Pla de la Lau par la porte de Trémul
AOUT 2022
Je suis monté via la Porte de Trémul.
Vue du Valiérat:

Au col:

La crête de Quer Trinquat:

Et le glacier vu du col:
Le début de la descente est facile, je remarque plusieurs pitons pour la main courante.
Rapidement, ça devient raide, assez limite étant donné l’absence de vision en dessous et sachant qu’il y a une barre rocheuse. Je descend 40 m jusqu’à un surplomb..


Pour la suite de la descente, je vois par où ça part mais il y a plusieurs possibilités. Vu le danger, je n’insiste pas, la remontée est maintenant sans risque, l’herbe étant assez abondante pour se tirer.

Donc, à faire en montée avec un circuit par le col de Crabérou .
Variante 7 : par la crête de Quer Trinquat
Le départ est le même que pour la variante 2, rive droite de la cascade. Vers 1400 m, je prends pleine pente SSO en direction de Quer Trinquat. Une fois sur la crête, il « suffit » de la suivre jusqu’à rejoindre la voie normale à 2070 m.

A la cabane de l’Artigue:
Je prends le chemin rive droite, de belles couleurs automnales.
Il faut bien se décider à un moment pour prendre la pente:
Un passage dans les fougères et plus désagréable dans des orties mais de courte durée.
Le col de Cruzous et le pic de Pomebrunet:
L’arrivée au Quer de Trinquat est raide. Vers l’est:
Et vers l’ouest:

A un moment, j’évite la crête en prenant à flanc coté nord. Mon choix n’est peut être pas le bon, je dois sortir le piolet pour tenir dans la pente.



Chemin parcouru:



Cherchez l’isard:

5 h pour monter 1725 m, dont 4 h en hors sentier, c’est pas trop mal.
A la descente:

A la cascade d’Arcouzan:
Variante 8
En avril 2018, suite aux chutes de neige importantes cet hiver, j’étais impatient de découvrir les avalanches dans le vallon de l’Artigue.
A la passerelle :
Aux granges de Bordes de Cartier:

Les Cuns à l’Artigue:
Peu d’avalanche en définitive dans le vallon de l’Artigue, on peut monter pratiquement jusqu’à la cabane d’Aula sans mettre les pieds dans la neige:
La cascade d’Arcouzan:
Vue d’en haut de la cascade:
Le vallon d’arcouzan que je vais remonter en partie:


Pic de Lasirouge:
Col de Cruzous:
Le maître:
La cabane d’Arcouzan:

Le vallon emprunté:
Merci beaucoup pour vos récits et votre perspicacité ! J’ai voulu monter en septembre 2009 au glacier d’Arcouzan par la rive gauche du vallon d’Arcouzan puis la cabane. Ensuite je me suis perdu dans les Mourmoussons où j’ai passé la nuit (c’était prévu). Le lendemain dans le brouillard je suis monté trop sur la droite et je suis arrivé directement au Valiérat. De là j’ai pu observer le glacier mais je n’ai pas osé descendre jusqu’à lui. Retour par le même chemin dans les Mourmoussons (j’ai quand même dû tirer un rappel, sinon j’aurai du remonter !), puis je suis passé par les gorges du vallon d’Arcouzan où il y a un petit chemin qui part sur la droite (un peu caché) qui permet de redescendre facilement dans le bois. Cordialement. Sébastien.
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Bonjour Sébastien
Merci pour votre contribution. Ah oui monter dans le brouillard, il faut oser.
J’y suis remonté cette année avec 2 amis .
Le chemin par la rive droite est le plus facile, enfin chemin, depuis 2009, il a du se dégrader très fortement: la limite de foret, c’est la jungle et en dessous il faut le chercher !
Cordialement
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Salut Philippe
Suite à nos échanges récents , du sommet du Valier , d’où tu vois le glacier ???
j’ai bien noté ta suggestion de la porte de Trémul pour la redescente , j’essaierai une prochaine fois , merci !
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Bonjour Jean-Robert
D’après mes souvenirs, ça fait une dizaine d’années que je suis allé au Valier, au sommet il faut descendre un peu vers l’est, un tout petit peu.
Pour la porte de Trémul, il vaut mieux y aller en montée pour être sur de trouver le chemin : Philippe Quiennec, en descente, n’avait pas trouvé le début et avait du remonter .
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Salut Philippe
Merci pour ton mail ; sympa cette visite au glacier avant le mauvais temps . Beau dénivelé en pente raide , mais Arcouzan ça se mérite !
à+
Amitiés
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Hola, soy un amante de los glaciares de los Pirineos.Gracias por tu texto muy interesante.El dia 13 de octubre estare en Seix y me gustaria visitar el Glaciar de Arcouzan el dia 14.Veo que es complicado acceder .No se si alguien queria acompañarme o buscar un guia.Saludos, Gabriel.
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Bonjour,
Merci pour votre commentaire.
Mi octobre, il y aura peut être de la neige.
Pour un guide, il faut voir avec le bureau des guides de l’Ariège.
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